LE CHAT, CE GRAND VOYAGEUR… OU PAS !
Lorsqu’il s’agit de se déplacer avec son félin préféré, la première étape consiste à assurer sa sécurité et son confort.
Qu’il s’agisse d’un sac ou d’une caisse rigide, certains de nos compagnons poilus sont très à l’aise et acceptent volontiers de jouer les globe-trotters influenceur sur les réseaux sociaux, minaudant, les moustaches au vent, un bandana coloré autour du cou. Arborant fièrement la Chat'itude dans un confortable sac à dos, ils semblent nous narguer devant un magnifique coucher de soleil à l’autre bout du monde -même pas jalouse !- tandis que pour les autres, la réalité est bien souvent différente et un simple déplacement chez le vétérinaire peut s’avérer une expérience plus compliquée, voire traumatisante.
Dés lors, tout changement dans ses rituels peut devenir une source de stress et d’inconfort pour lui comme pour son gardien.
Qui peut se targuer de ne pas avoir expérimenté, impuissant, les miaulements désespérés de son poilu pendant un trajet en voiture ou en train, les troubles digestifs, les pipis de stress, ou l’interminable partie de cache-cache sous le canapé ou dans les placards au point de devoir reporter un rendez-vous chez le vétérinaire?
« A titre d’exemple, ma chatte Neige faisait partie de l’équipe qui panique à la simple vue de sa caisse de transport. Dés qu’elle me voyait la sortir, même pour un simple nettoyage, elle détalait au fond du jardin ou se cachait dans un coin de la maison. J’étais moi-même hyper stressée dés que je notais dans l’agenda la visite annuelle chez le vétérinaire, rien qu’à l’idée du traumatisme que ce déplacement allait générer.
Sans parler du fait qu’il fallait jouer stratégique le JOUR J, prévoir une bonne heure avant de l’attraper, la faire rentrer à l’intérieur par le haut, pour ne pas qu’elle ressorte aussitôt. Un vrai cauchemar ! Ensuite, je savais que même en lui parlant doucement, elle serait stressée, miaulerait pendant tout le trajet, se soulagerait à l’intérieur et pour toutes ses raisons, j’avoue avoir parfois renoncé et annulé le déplacement. »
Pourtant, sur la photo ci-dessous, c’est bien elle qui dormait paisiblement à l’intérieur quand elle était petite…
Alors, que s’est-il passé, me direz-vous? Pourquoi ce changement de comportement vis à vis de cet objet insolite? J’ai bien ma petite idée …
Lorsque nous avons adopté Romy puis Rakia, je me suis beaucoup documentée sur la question car je ne voulais pas revivre la même situation, personnellement très mal à l’aise avec le stress que cela peut générer chez nos boules de poils.
Par chance, les chatons s’adaptent plus facilement, leur cerveau est plus malléable et il est donc plus aisé de créer des associations positives dés le départ. C’est d’ailleurs pour cela que les experts en comportementalisme félin préconisent d’habituer un chaton à la caisse de transport dés son plus jeune âge.
LA TOUTE PUISSANCE D’UNE ASSOCIATION NEGATIVE
Mais alors, d’où provient cette peur panique?
Tout le monde pense que les chats détestent leur caisse de transport… Pourtant, de toute évidence, c’est NOUS qui leur avons appris à la détester.
N’y vois en aucun cas une volonté de ma part de porter un jugement, mais plutôt la profonde envie de comprendre certains comportements, reflets de leurs émotions, et de partager ici quelques pistes de réflexions pour favoriser l’intégration harmonieuse de nos boules de poils dans leur environnement au travers d’une relation de confiance basée sur l’amour, le respect et la bienveillance.
A l’échelle humaine, il faut bien avouer qu’aucune situation ne ressemble à ce que peuvent vivre nos poilus en de pareilles circonstances.
Mais, imaginons un instant une situation similaire -peu vraisemblable à l’évidence- qui pourrait nous mettre en forte réaction…
Transposons ici l’idée que tu as grandi avec le souvenir ancré qu’à chaque fois que tu devais aller chez le dentiste pour soigner des caries - parce que c’est bien connu, tout le monde déteste le dentiste! - Ta tante Janette un tantinet autoritaire - je n’ai absolument rien contre les Janette, d’ailleurs je ne connais même pas de Janette !- se dévouait pour t’y conduire dans sa vieille IBIZA verte qui sentait le chien mouillé -ça commence à faire beaucoup, là, non?-.
Alors, quelques 20 ans plus tard, rien de bien surprenant au fait que tu aies développé une réaction épidermique à chaque fois que tu croises une IBIZA verte et … ta tante Janette -hahaha!-
Telle est la puissance d’une association négative !
Et c’est précisément pourquoi les chats ont tendance à ressentir un profond mépris pour leur cage de transport: à chaque fois qu'on les « pousse » littéralement à l’intérieur, c’est pour les emmener dans un endroit où ils n’ont pas forcément envie d’aller!
Quand ils sont en bonne santé, on finit souvent par ranger la caisse au garage ou dans un placard pour ne la sortir que la veille du rendez-vous chez le vétérinaire… il s’en suit alors une escalade émotionnelle négative : stress de l’enfermement, peur des bruits et mouvements de la voiture, nouvelles odeurs chez le vétérinaire, manipulations, piqûre, puis retour à la maison.
Pendant tout le processus, le chat va déposer des phéromones de stress qui resteront imprégnées dans l’habitacle et seront un rappel d’une expérience négative dés que le sac fera son apparition.
IMPORTANT: En cas de mauvaise expérience, il est important de bien nettoyer l'ensemble du sac de transport et la couverture, pour éliminer toutes les odeurs et phéromones de stress, sinon ce sera la panique à chaque voyage.
METHODE POUR TRANSFORMER LA CAISSE DE TRANSPORT EN UN REFUGE AGREABLE POUR TON CHAT
Après de nombreuses lectures et des heures de recherches auprès de divers professionnels félins d’ici et d’ailleurs, je me suis aperçue que finalement, la démarche, à quelques virgules près, est identique partout et que nous savons globalement comment faire mais pour une raison ou une autre, nous oublions petit à petit une notion fondamentale pour nos amis chats : LA STABILITE de leur ENVIRONNEMENT.
Je te propose donc une méthode simple, en quelques étapes pour donner ou redonner à ton chat une association positive avec la caisse de transport.
A l’évidence, la notion de temps ne sera pas abordée ici car tout dépendra de ton félin, de sa capacité à dépasser ses peurs en fonction de son âge et de son histoire.
Tout d’abord, je t’invite à choisir une caisse ou un sac homologué en fonction du type de déplacements que tu prévois (voiture, train, avion…), d’anticiper sa dimension à la future taille de ton chat surtout si tu l’adoptes chaton et de prévoir une caisse unique par chat.
Es-tu prêt(e) à enrichir durablement ta relation avec ton compagnon ? Allez c’est parti!
Etape 1: transformer la caisse en « refuge »
La première étape consiste à faire en sorte que la caisse de transport ne ressemble pas à une caisse de transport au premier abord. L’objectif est de la rendre plus attrayante pour ton chat en la transformant en un endroit confortable et accueillant de son territoire, en supprimant le couvercle au départ et en y installant, par exemple un vêtement ou un foulard que tu portes régulièrement (ton odeur sera toujours une source de confort pour ton chat), une couverture qu’il apprécie, quelques uns de ces jouets préférés déjà imprégnés de son odeur.
Le tapis de caisse Baroudeur adapté aux dimensions de la caisse assurera par ailleurs une base stable, moelleuse et confortable où ton chat pourra se reposer sans contact avec le fond rigide et plastifié de la caisse, quelque soit la situation…
Etape 2: la placer dans un espace social
Place la caisse dans un endroit dit « social » où ton chat se sent plutôt bien comme près du canapé, dans ta chambre, ton bureau…) et laisse le « découvrir » ce nouvel objet à son rythme sans intervenir.
Cela permet de conforter la sensation de sécurité et de confiance .
Il s’agit maintenant de passer au renforcement positif en récompensant ton chat à chaque fois qu’il s’installe dans la caisse. Il est vraiment important de le récompenser immédiatement quand il entre dans la caisse de façon à créer un rituel et aussi une association positive entre « je rentre dans la caisse, je reçois une récompense »
De mon côté, Romy n’est pas du tout intéressée par la nourriture et réagit vraiment aux stimuli vocaux et au jeu tandis que Rakia, très gourmande, sera motivée par le fait que je lui distribue ses croquettes habituelles en guise de récompense, donc à toi de voir ce qui correspond le mieux à ton chat.
Etape 4: Ajouter le couvercle
Une fois que tu as instauré assez de confiance pour que la caisse devienne une nouvelle maison dans la maison pour ton compagnon, tu vas pouvoir ajouter le couvercle.
Assure toi de procéder quand il n’est pas dans la pièce et continue le rituel des croquettes, gourmandises, caresses préférées à chaque fois qu’il entre de lui-même dans sa « tanière ».
Etape 5: Ajouter la porte ou grille.
Cette étape délicate consiste maintenant à ajouter la grille ou fermer le sac et peut devenir problématique car le bruit de l’ouverture ou fermeture de cette porte ou zip peut être un déclencheur négatif pour ton chat.
Si tu disposes d’une caisse de transport, tu peux dans un premier temps scotcher la grille pour éviter qu’elle ne se balance et lui donne l’impression d’être piégé.
Petit à petit, renforce la démarche avec des gourmandises et pousse la porte progressivement de quelques secondes à quelques minutes jusqu’à pouvoir fermer la porte sans aucune réaction de la part de ton chat. A chaque fois que tu ouvres la porte, récompense avec la voix, des caresses, et/ou des gourmandises en fonction des préférences.
Au fur et à mesure, ton chat se fera à l’idée qu’il ne se passe rien de négatif quand la porte est fermée, qu’il est en sécurité dans son refuge.
Dernière étape:
Quand ton chat est finalement à l’aise dans sa caisse avec la porte fermée, tu peux maintenant essayer de soulever puis reposer délicatement la caisse avant d’ouvrir à nouveau la porte en prolongeant le temps au rythme de ton loulou. Il s’agit ici de reproduire les conditions que ton chat va expérimenter quand il faudra se rendre à ce fameux rendez-vous chez le vétérinaire.
CONCLUSION:
BRAVO ! A force de répétition, de patience, d’amour et de bienveillance, tu as réussi à créer un rituel positif et ainsi éliminé « la crainte du syndrome de l’IBIZA verte de tante Janette »
À partir d’aujourd’hui, 99 fois sur 100, quand ton poilu entrera dans la caisse, tout restera prévisible. Et 1 seule fois sur 100, il y entrera pour se rendre chez le vétérinaire, mais ce sera tout à fait gérable puisque ton chat aura réussi à sortir de sa zone de confort et la caisse sera devenue un élément à part entière de son territoire, même quand il ne sera pas chez lui: ce sera même un endroit « refuge » où il pourra aller se cacher quand il se sentira stressé.
Il reste cependant un point à ne pas négliger: cette caisse, si moche soit elle, fait désormais partie intégrante du territoire de ton félin, mais aussi de ta décoration… À JAMAIS (oui, oui… à jamais) au risque de devoir reprendre toute la méthode s’il te venait à l’idée de la ranger au fond d’un placard ou dans le garage au prochain grand ménage de ta maison!
Au travers de cet article, cette méthode donne un aperçu somme toute basique d’un processus qui peut s’avérer compliqué encore une fois en fonction de l’âge, du caractère et du passé de ton chat.
Si malgré tous tes efforts, les sorties reste compliquées, n’hésite pas à faire appel à un professionnel pour t’aider à apaiser ton loulou adoré.
Par ailleurs, Les Fleurs de Bach ou élixirs floraux sont des soutiens émotionnels formidables, faciles à utiliser pour le bien-être humain et animal au quotidien, mais j’y reviendrai dans une prochain article.
Si tu as testé la méthode et réussi à transformer cette « maudite » caisse de transport en un véritable havre de paix pour ton petit amour, alors sens toi libre de partager ton expérience en commentaire!
A très bientôt
Isabelle